Le Dr med. Sedat Yildirim, médecin-chef en hématologie à l’Hôpital de l’Emmental, nous renseigne sur les détails liés à l’anémie.
Monsieur Yildirim, que doit-on comprendre sous la terminologie d’anémie ?
En médecine, il n’existe pas beaucoup de maladies qui peuvent être mesurées avec précision au moyen de valeurs chiffrées. Et pourtant c’est exactement ce que l’on peut faire dans le cas de l’anémie. Ici, il s’agit d’une carence en concentration d’hémoglobine dans le sang, c’est ce qu’on appelle communément une anémie. Pour un homme, l’on a placé le seuil pour une anémie au niveau d’une valeur de 130 grammes par litre de sang, chez la femme, elle est considérée comme anémique à moins de 120 grammes d’hémoglobine par litre de sang. L’hémoglobine est le colorant rouge du sang, elle est également responsable pour le transport de l’oxygène et du dioxyde de carbone dans la circulation sanguine.
Quels sont les symptômes qui apparaissent en cas d’anémie ?
Les symptômes et leur sévérité dépendent du niveau de gravité ainsi que de la vitesse du développement de la maladie. Une chute lente et progressive de la teneur en hémoglobine du sang ne provoquera que très peu de symptômes, du fait que le corps tentera de s’adapter progressivement. Les symptômes liés à l’anémie sont: la détresse respiratoire à l’effort, des bourdonnements ou des sifflements dans les oreilles, l’augmentation de la fréquence cardiaque (palpitations), des étourdissements, une sensibilité fortement accrue au froid, des « déchirures » aux commissures des lèvres (rhagades) et des ongles et des cheveux friables. Si la concentration en hémoglobine chute rapidement, par exemple en raison d’un saignement important qui peut s’avérer dangereux pour la santé du patient, alors les symptômes peuvent être alarmants, ceux-ci peuvent aller jusqu’à des perturbations fonctionnelles de la circulation sanguine, voire même jusqu’à la mort.
Est-ce que cette maladie peut revêtir plusieurs formes ?
Da façon générale, on distingue entre la forme congénitale (héréditaire) et la forme acquise (temporaire) de l’anémie. Cette seconde forme découle en majeure partie de manques ou carences de certaines substances comme le fer (c’est la forme la plus courante), la vitamine B12 ou l’acide folique. Après une prise de sang et une analyse sanguine par le médecin, il est possible de prévoir une thérapie adaptée en fonction de la forme et de la taille des globules rouges ainsi que de leur teneur en hémoglobine.
Quelles sont les causes qui peuvent provoquer une anémie ?
Les raisons médicales d’une anémie se divisent en deux grandes catégories. Soit la personne concernée a de plus grands besoins ou de plus grandes pertes en hémoglobine ou elle présente une fabrication réduite de sang dans la moelle osseuse. Une consommation ou une perte accrue se produit le plus fréquemment par des saignements aigus ou chroniques, comme typiquement des saignements du système digestif ou rénal, des saignements menstruels abondants, ou une destruction prématurée des globules rouges du sang. Si la cause de l’anémie devait être une formation réduite de cellules sanguines, cela peut être causé par une synthèse de l’hémoglobine amoindrie ou en raison d’une carence en acide folique ou en vitamine B12 (essentielle à la division cellulaire des cellules sanguines).
Qui sont les patients qui sont à risque de présenter une anémie ?
Principalement touchés sont soit les jeunes filles en raison de leur menstruation ou les jeunes hommes en raison d’une conséquence d’une opération. Chez les femmes plus âgées, l’apparition d’une anémie se fait en général conjointement avec des maladies chroniques, par exemple dans des cas de patientes qui souffrent de cancers. Chez les hommes plus âgés, par contre, l’anémie est déclenchée principalement par des infections chroniques ou par une déficience au niveau du foie.
Quelles sont les thérapies à disposition pour lutter contre l’anémie ?
Les moyens thérapeutiques sont très différents. Le mieux est toujours de guérir la maladie qui la provoque au travers d’un diagnostic et d’un protocole de soin adaptés.
Que peut-on entreprendre pour prévenir efficacement l’apparition de cette maladie ?
Comme les anémies sont en général des symptômes concomitants à d’autres maladies, les moyens préventifs sont relativement limités. Il est toujours valable de prévenir un maximum de maladies (par exemple des dommages au foie causés par une consommation d’alcool excessive) au moyen d’un mode de vie sain et d’une alimentation équilibrée. Si des maladies sont déjà existantes et qu’elles s’accompagnent d’une anémie, un contrôle efficace de la maladie causale peut grandement aider dans le traitement ou la diminution de l’anémie qui l’accompagne.
Prendre une cuillérée de jus d’ortie avec de l’eau trois fois par jour serait efficace contre l’anémie. Que pensez-vous de telles recettes « de grand-mère » ?
Si l’alternative à ces cuillérées de jus d’ortie n’est que du café ou des boissons gazeuses sucrées, alors je conseillerais aussi le jus d’ortie ! La forme la plus courante d’anémie est un manque en fer, c’est pourquoi il est important d’assurer un apport suffisant de ce nutriment au moyen de son alimentation quotidienne (par exemple en consommant de la viande, du poisson, des céréales comme le son de blé, les flocons de millet ou d’avoine ou de l’épeautre vert). L’absorption de fer peut être catalysée par des repas comprenant aussi bien du fer que de la vitamine C. Cette combinaison permet par exemple de rendre le fer végétal plus disponible du point de vue biologique. Les produits laitiers, les œufs ainsi que le thé noir et le café diminuent pour leur part l’absorption du fer par l’organisme. Des combinaisons optimales d’aliments seraient du foie avec des brocolis, des chanterelles et des pommes de terre, le basilic et les tomates, les flocons d’avoine et de jus d’orange ou encore les lentilles et le paprika.
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