Dr Danielle Gyurech, docteur en médecine tropicale et médecine des voyages à la Travel Clinic de Zurich, répond à nos questions sur le chikungunya.
Madame Gyurech, qu’est-ce que le chikungunya et comment s’attrape-t-il ?
Le chikungunya est une maladie virale transmise par des moustiques du genre Aedes et qui sévit de manière épidémique. La transmission se fait par piqûre de moustique. Les moustiques du genre Aedes piquent de préférence pendant la journée, surtout à l’aube et au crépuscule.
Y-a-t-il aussi un risque d’infection en Suisse ?
Pas encore pour l’instant, mais lorsque les étés sont chauds, cela est tout à fait possible. Par exemple lorsqu’un voyageur atteint d’une infection, avec des virus dans le sang, rentre chez lui et est piqué par un moustique du genre Aedes qui transmet la maladie. Ce moustique pique ensuite d’autres individus et leur transmet le virus importé. C’est ce qu’on appelle une transmission autochtone (locale). La première petite épidémie européenne est survenue en août 2018 à Ravenne, en Italie. Depuis lors, il y a également eu des transmissions locales isolées en France et en Espagne.
Quels sont les symptômes déclenchés par l’infection ?
La fièvre de Chikungunya est connue pour ses douleurs très intenses dans les membres et les articulations, qui peuvent parfois durer très longtemps.
La maladie peut-elle laisser de graves séquelles ?
Pour le moment, on part du principe que la fièvre de Chikungunya ne laisse aucune séquelle grave, mais dans de rares cas, la guérison peut être fortement retardée avec de graves problèmes articulaires et nerveux.
Est-il exact que les personnes qui souffrent d’hypertension, de diabète, de faiblesse cardiaque ainsi que les personnes âgées et les nouveaux nés présentent un risque d’évolution grave de la maladie ?
Oui, c’est ce qu’on suppose aujourd’hui.
Existe-t-il chez les femmes enceintes un risque accru pour l’enfant à naître ?
Là aussi, ma réponse est oui. De manière générale, toutes les infections accompagnées de fièvre élevée et d’un grand nombre de virus dans le sang, constituent un grand risque pour l’enfant à naître.
Comment le chikungunya se traite-t-il ?
Malheureusement, il n’existe toujours pas de traitement spécifique contre cette maladie. On la traite par des analgésiques et des médicaments qui font diminuer la fièvre.
Que conseillez-vous aux voyageurs qui séjournent dans des régions à risque ?
Il est essentiel de se protéger au maximum contre les moustiques, car dans les régions où la fièvre de Chikungunya sévit, il existe une foule d’autres maladies qui sont transmises par des moustiques.
Quelle est la protection optimale contre les moustiques ?
Une bonne protection anti-moustique consiste en des vêtements imprégnés d'insecticide et en des produits répulsifs anti-moustiques hautement concentrés (40-50 % de DEET). Il est conseillé de dormir sous des moustiquaires, de pulvériser des insecticides dans l'environnement, en particulier des maisons, et d'éviter les sites de reproduction des moustiques Aedes (tigrés).
De plus, il est conseillé d’éviter les eaux de pluie stagnantes et en supprimant les pots de fleurs, les récipients ou les déchets, on prévient le développement d’autres générations de moustiques.
Vous trouverez d’autres informations sur www.travelclinic.ch.
Chikungunya : l’essentiel est de bien se protéger contre les moustiques
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Ces informations se veulent des indications sommaires et ne doivent pas représenter la seule base pour des décisions liées à votre état de santé. Consultez votre médecin ou votre pharmacien en cas de question médicale. Une recherche sur internet ne remplace pas une consultation par un professionnel.