La commotion cérébrale peut pourrir la vie d’un sportif et même le pousser à renoncer à pratiquer son sport favori.
La commotion cérébrale guette les pratiquants de sports de contact, de balle ou de vitesse. Sournoise, mal soignée ou mal diagnostiquée elle peut pourrir la vie d’un sportif et même le pousser à renoncer à pratiquer son sport favori. Petit tour d’horizon sur le thème de la commotion cérébrale avec deux médecins de la Clinique romande de réadaptation (CRR) à Sion
Dr. Yan Eggel, Spécialiste en médecine physique et réadaptation.
Monsieur Eggel, quels sont les signes et les symptômes d’une commotion cérébrale?
Les signes cliniques qui peuvent être observés chez une personne victime d’une commotion cérébrale sont notamment: la perte de connaissance ou de réactivité, l’incoordination motrice, des pertes d’équilibre, la désorientation ou confusion, la perte de mémoire etc. Il y en a d’autre encore. Les symptômes les plus fréquents sont: maux de tête, vertiges, difficultés de concentration. Mais une commotion cérébrale peut aussi se manifester par d’autre symptômes: sensation de pression dans le crâne, douleur dans le cou/la nuque, nausées ou vomissements, étourdissements, etc. Il n’est pas nécessaire d’avoir perdu connaissance pour avoir une commotion.
Quelles sont les conséquences d’une commotion cérébrale?
Une personne ayant une commotion peut avoir un nombre et une intensité variables de signes et symptômes Dans la plupart des cas, les symptômes ne durent pas plus de deux semaines, jusqu’à un mois chez les enfants. Environ 10% des personnes gardent des symptômes à plus long terme. Les conséquences à long terme des commotions cérébrales, en particulier de la répétition de commotions durant la vie, sont encore malheureusement peu connues. Il est suspecté que les commotions favorisent le développement d’encéphalopathies chroniques post-traumatiques ou de dépressions mais cela n’est pas clairement démontré dans la littérature médicale.
Que faut-il entreprendre en cas de suspicion de commotion cérébrale?
En premier lieu, il faut identifier les signaux d’alerte qui nécessitent une évaluation médicale immédiate et un transport aux urgences pour exclure une lésion structurelle: douleurs dans le cou/la nuque, confusion ou irritabilité croissantes, vomissements répétés, crise d’épilepsie ou convulsions, faiblesse, picotements ou sensation de brûlure aux bras ou aux jambes, détérioration de l’état de conscience, etc. En l’absence de ces signaux d’alerte et si la suspicion demeure, il faut retirer immédiatement la personne de l’activité sportive ou professionnelle. Un repos est nécessaire pendant 24-48 heures et une évaluation par le médecin de famille devrait être faite dans ce laps de temps. Durant les 48 premières heures la personne ne doit pas rester seule, ne pas consommer d’alcool ni conduire car les symptômes peuvent évoluer rapidement.
Dr. Pierre-Etienne Fournier, chef de la médecine du sport de la CRR et médecin de l’équipe nationale de football.
Monsieur Fournier, quels sont les principales causes des commotions cérébrales et quels sont les sports les plus concernés?
Les commotions cérébrales sont principalement la conséquence de chutes, de collisions ou contacts avec les adversaires. Les sports où l’on rencontre le plus de commotions cérébrales sont ceux permettant de la vitesse (sports motorisés, ski, vélo, vtt) les sports avec contact (hockey sur glace, football, basketball, handball) et les sports avec risques de chute (gymnastique, patinage artistique).
Est-il possible de s’en protéger dans la pratique du sport et comment?
La principale manière d’éviter une commotion cérébrale dans le sport d’équipe demeure le respect des règles du jeu (par ex coup de coude au football), matériel adapté (taille du ballon, pression de gonflage) en fonction de l’âge des juniors en football, technique correcte (comment faire une tête). Pour d’autres sports, comme le hockey, le football américain ou le cyclisme, le casque permet de diminuer la force de l’impact.
Quel message de prévention voudriez-vous faire passer aux sportifs?
Pour prévenir la commotion cérébrale, il faut disposer et utiliser du matériel adapté à son activité sportive, c’est la base. Ensuite, il faut entraîner la technique.
En cas de suspicion de commotion, la pratique sportive doit être interrompue, le sportif doit être surveillé, en cas de doute une consultation médicale doit être faite.