Aujourd'hui, c'est la Journée mondiale du sida, qui a toujours lieu le 1er décembre depuis 1988. Pour éviter les préjugés erronés, il est primordial de sensibiliser l'ensemble de la population suisse et du monde entier. Jan Müller, d'Aide suisse contre le SIDA, fait le point sur des questions essentielles.
Monsieur Müller, quel est l'objectif de cette journée et sur quoi est-elle principalement axée cette année ?
Nous nous souvenons des personnes mortes du sida, leur rendons hommage, faisons vivre leurs histoires et nous rappelons le long combat que tant de personnes ont mené. Lors de cette journée, nous appelons à faire preuve de solidarité envers les personnes concernées par le VIH, parce que même en Suisse, bon nombre d'entre elles sont encore fréquemment victimes de discrimination au quotidien.
À quel niveau se joue le plus souvent cette discrimination ?
Le plus souvent, les personnes porteuses du VIH sont discriminées dans le système de santé ; près d'un tiers des cas signalés en relèvent. C'est pourquoi cette année, Aide suisse contre le sida saisit l'occasion de la Journée mondiale du sida pour s'adresser tout particulièrement aux professionnels de la santé : relax ! Si elles sont traitées comme il faut, les personnes atteintes par le VIH ne transmettent pas le virus.
Nombreux sont ceux pour qui VIH et sida sont synonymes. Quelle est la différence ?
Le VIH est de loin le virus sexuellement transmissible le plus connu. Si une infection par le VIH n'est pas traitée, le sida s'ensuit (Acquired ImmunoDeficiency Syndrome = Syndrome d'ImmunoDefficience Acquise). Concrètement, le système immunitaire de l'organisme ne fonctionne plus, et c'est pour cette raison que le sida est mortel. Une infection par le VIH devrait par conséquent être détectée par un test dès que possible, et traitée dans les meilleurs délais. C'est important si l'on veut stopper le virus dans sa dégradation du système immunitaire et empêcher le sida de se développer.
Comment traite-t-on le VIH ?
Le VIH ne se guérit pas, mais on peut le traiter. Les médicaments contre le VIH empêchent la reproduction du virus dans l'organisme des porteurs. Au bout de quelque temps sous une thérapie efficace, le VIH n'est presque plus visible dans le sang. On parle alors de « charge virale sous le seuil de détectabilité », et le VIH n'est plus transmissible.
Quelles sont les mesures de protection à prendre pour éviter une infection ?
Les règles de sexe sans risque sont les suivantes : pratiques anales et vaginales avec préservatif ou Prep (prise de médicaments de prévention du VIH). Les personnes porteuses du VIH et traitées efficacement ne présentent pas de risque d'infection. Si l'on est dans une relation exclusive, il faudrait faire un test dès le début de la relation et passer des accords. On peut trouver des recommandations individualisées dans le Safer-Sex-Check de lovelife.ch. Mais le sexe sans risque, ce n'est pas seulement se protéger systématiquement. Il est au moins tout aussi important d'agir s'il se passe quelque chose. Le sexe sans risque protège très bien du VIH, mais d'autres infections sexuellement transmissibles (IST) telles que les chlamydioses, la syphilis etc. peuvent néanmoins être transmises.
Que conseillez-vous si un risque de contamination est avéré ?
Après des rapports anaux ou vaginaux non protégés, il y a la PEP, le traitement préventif d'urgence contre le VIH. Pour qu'il soit efficace, il faut s'y soumettre dès les premières heures. PEP signifie prophylaxie post-exposition. Il s'agit d'un traitement médical d'urgence qui peut empêcher une possible contamination par le VIH consécutive à une situation à risque. Ce traitement médicamenteux dure quatre semaines, sur prescription médicale. Les risques et les effets secondaires sont expliqués dans le cadre d'un accompagnement médical. Infos complémentaires sur la PEP.
Aujourd'hui encore, de nombreuses personnes infectées doivent faire face aux préjugés. Dans quelle mesure une infection par le VIH restreint-elle les personnes concernées dans leur quotidien ?
Les personnes qui vivent avec le VIH sont victimes de discrimination dans de multiples domaines : assurances, protection des données, santé et bien d'autres secteurs. Alors que le VIH se traite bien, ces discriminations pèsent sur la santé psychique des patients souffrant du VIH, qui s'en trouvent très limités dans leur quotidien. Voilà pourquoi Aide suisse contre le sida ne cesse de rappeler que les personnes porteuses du virus ne le transmettent pas si elles suivent une thérapie éprouvée !
Dispose-t-on de chiffres quant aux contaminations en Suisse ?
L'Office fédéral de la santé publique (OFSP) publie chaque année le nombre des nouvelles contaminations par le VIH et les IST en Suisse. Il y a longtemps que les nouveaux cas d'infection par le VIH annuels signalés stagnent. En 2021, 318 nouveaux diagnostics de VIH ont été déclarés à l'Office fédéral de la santé publique (OFSP). C'est plus que l'année précédente (291 cas). Cette hausse doit néanmoins être considérée dans le contexte de la pandémie de Covid 19, et donc relativisée. Vous trouverez davantage d'informations sur aids.ch.
Aide suisse contre le sida s'engage dans toute la Suisse pour les personnes atteintes du VIH et leurs partenaires. Que leur proposez-vous, à elles et à leurs proches ?
Aide suisse contre le sida met à la disposition des personnes infectées par le VIH toute une foule d'informations médicales et juridiques : sur le site web et sous forme de brochures et de publications régulières. Par ailleurs, elle apporte une aide financière rapide et hors bureaucratie aux patients atteints du VIH ou du sida qui ont de lourdes difficultés sur le plan financier. Enfin, et ce n'est pas rien, les personnes souffrant du VIH/sida et leurs proches qui sont confrontés à des questions d'ordre juridique en lien direct avec leur diagnostic peuvent s'adresser à Aide suisse contre le sida pour bénéficier de conseils juridiques gratuits par téléphone ou par écrit.
Source et collaboration avec Aide suisse contre le SIDA (www.aids.ch).