Voici pourquoi les prévisionnistes d’avalanches souhaitent qu’il tombe beaucoup de neige

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Photo : Pixabay
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Source: TCS Info Feed

Dans son interview avec le TCS, le prévisionniste d’avalanches Benjamin Zweifel, de l’Institut WSL pour l’étude de la neige et des avalanches (SLF), nous informe si, des dangers particuliers sont attendus en montagne cet hiver.

Monsieur Zweifel, l’été 2018 a été très chaud, et cela également en montagne. Est-ce qu’il faut en conclure que l’on doit s’attendre à des avalanches en plus grand nombre pour cette saison d’hiver ?
Non, l’élément décisif pour la situation liée aux avalanches de la saison hivernale à venir est l’accumulation des couches de neige qui se constitueront dès l’automne. L’été n’a en principe aucune incidence sur ce facteur. En tant qu’enthousiastes de la neige, nous souhaitons évidemment que toutes les précipitations qui ne se sont pas réalisées cet été nous parviennent enfin cet hiver, et sous forme de neige. Il se pourrait bien que la prochaine saison hivernale soit très enneigée. La plupart du temps, les hivers qui présentent de fortes chutes de neige sont également favorables à la constitution de couches successives de neige optimales, et cela entraine des risques d’avalanches amoindris. Mais ceci n’est que de la spéculation. Laissons-nous surprendre.

Quels facteurs influencent une recrudescence des avalanches ?
De la neige fraîche et du vent : voici les facteurs principaux pour le déclenchement d’avalanches. Lors de périodes prolongées de beau temps, des couches de neige particulières peuvent se former, par exemple des congères ou des couches granulaires. Celles-ci, si elles sont recouvertes de neige fraîche, peuvent constituer des « points faibles » dans la couche neigeuse pendant des jours, voire des semaines entières. C’est dans ces cas précis qu’un grand nombre d’accidents dus aux avalanches se produisent.

En montagne, à quoi peut-on reconnaître qu’une zone ou une région est dangereuse ?
La première reconnaissance des dangers doit se passer en amont, encore à la maison, en consultant le bulletin des risques d’avalanches, respectivement le bulletin d’avalanches. Sur place, on peut aussi reconnaître le danger, par exemple en constatant qu’il y a eu de récentes coulées de neige, des accumulations de neige soufflée, des formations de fissures dans la couverture neigeuse ou si l’on entend les tristement célèbres « bruits sourds ». Le principe de précaution s’applique : en cas de doute, faites demi-tour.

Comment les skieurs, les adeptes du snowboard ou les randonneurs à ski qui sont en train de pratiquer leur sport en pleine nature peuvent-ils éviter les accidents ?
Il est important de bien préparer son excursion et d’adapter celle-ci à la situation actuelle sur le front des risques d’avalanches. Se faire emporter par une avalanche met toujours la vie en danger, et c’est pourquoi il faut éviter cette éventualité par tous les moyens. Afin de pouvoir le faire, il faut idéalement une certaine formation, des connaissances et de l’expérience. Celui qui ne dispose pas de ces trois éléments peut faire appel aux compétences d’un guide de montagne.

À quoi reconnaît-on de la neige soufflée ?
Pour cela il est recommandé de suivre un cours sur les avalanches. À cette occasion, l’on apprend à reconnaître à l’œil les dangereuses accumulations de neige soufflée.

De plus en plus souvent on rencontre des vacanciers équipés de couteux sacs à dos anti-avalanches, renfermant des airbags. Est-ce que ce type d’équipement est efficace ? Pour la pratique du hors-pistes, l’équipement standard comprend un Appareil de Recherche de Victimes en Avalanche (ARVA), une pelle et une sonde. Ces trois ustensiles doivent faire partie du kit de chaque freerider ou de chaque randonneur. Les airbags anti-avalanches sont aussi des moyens valables. Mais ces équipements ne sont utiles qu’en cas d’urgence et ne représentent pas une assurance vie. Si une personne est emportée par une avalanche par-dessus une corniche ou précipitée contre un arbre, ces appareils ne servent à rien. Les facteurs essentiels restent une bonne préparation, une formation adaptée et l’évitement du déclenchement des avalanches.

Vous êtes chercheur dans le domaine des avalanches. Qu’est-ce qui vous fascine dans cette activité ?
Le déroulement d’une avalanche est un événement spectaculaire. Il me fascine et me remplit de respect. La gestion des risques d’avalanches est le domaine de compétences des sports d’hiver le plus difficile et elle nous met devant de grands défis. Les développements de ces dernières années dans notre domaine sont très importants et je suis persuadé que, dans le futur aussi, nous pourrons encore en apprendre beaucoup sur ces phénomènes. Et si nous faisons notre travail consciencieusement, nous serons probablement aussi en mesure de continuer à réduire les risques en montagne.

L’Institut WSL pour l’étude de la neige et des avalanches SLF (jusqu’en 2008 Institut fédéral pour l'étude de la neige et des avalanches) à Davos dans le canton des Grisons est un centre de recherche et de prestation de services interdisciplinaire. Il est rattaché à l'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL), et de ce fait au domaine de l’EPF. Il est situé à Davos Dorf à la Flüelastrasse et occupe 130 collaboratrices et collaborateurs. L’ancien bâtiment de recherche perché sur le Weissfluhjoch reste toujours à disposition de la recherche. Déjà en 1931, avait été fondée à Berne la Commission fédérale pour l'étude de la neige et des avalanches.
Pour plus d’informations : www.slf.ch

Ces informations se veulent des indications sommaires et ne doivent pas représenter la seule base pour des décisions liées à votre état de santé. Consultez votre médecin ou votre pharmacien en cas de question médicale. Une recherche sur internet ne remplace pas une consultation par un professionnel.

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